Changer la gauche

Sidebar
Menu

Qu'apprendre de la crise de la gauche anglaise ? par Henry J. Dicks



Pendant dix longues années, Gordon Brown a attendu que son grand rival quitte Downing Street. Lorsqu’il est devenu premier ministre sans opposition véritable, en juin 2007, il a vécu une douce lune de miel. A peine un an plus tard, la gauche anglaise est en crise. Quatre raisons principales permettent de l'expliquer.

1. Brown a pensé davantage à son "couronnement" qu'à un règne dans la durée. Les initiatives lancées à son arrivée n'ont pas été suivies par d'autres réformes significatives.

2. Alors que David Cameron, le chef de l’opposition conservatrice, a intégré l’écologie au sein de l’image de son parti, Brown la conçoit comme un problème supplémentaire. Son idée farfelue de bâtir de nouvelles "éco-villes" dans les régions rurales le démontre très clairement.

3. En augmentant l’impôt sur les plus pauvres –initiative qu’il a déclarée fiscalement inévitable– Brown a trahi les fondations originelles de la gauche. C'est une chose que de s’emparer du terrain du centre, comme l’a fait Tony Blair; c'en est une autre que de basculer franchement à droite.

4. A la différence de Clinton, de Blair, et d'Obama, personnages de gauche les plus aimés des temps modernes selon tous les sondages, Brown n’a pas de charisme. Très fier de son statut d’intellectuel, il est pourtant perçu comme éloigné du peuple.

De la catastrophe d'outre-manche, la gauche française peut aujourd'hui tirer quatre idées très précieuses.

1. Après l'interminable attente qu'elle aura subie, elle doit être prête non seulement à son arrivée au pouvoir, mais aussi à un renouvellement politique de fond. Brown a échoué dans cette articulation difficile.

2. Le renouvellement politique français ne peut pas manquer d’être durable au sens également écologique. L’écologie doit être intégrée au sein de sa politique et non pas ajoutée comme quelque chose de supplémentaire –voir sur la question notre
Contribution "Pour une redistribution écologique".

3. La gauche française peut bien se permettre certaines politiques centristes; mais elle doit éviter à tout prix un basculement à droite et l’aliénation de son propre électorat.

4. Elle doit choisir un candidat frais et moderne auquel l’électorat peut s’identifier. Il s’agit également d’éviter un candidat à la Sarkozy qui, suite à son élection, se détache du peuple et se comporte comme une rockstar.

Tout cela peut paraître très simple, voire évident. Et pourtant, Gordon Brown, grand personnage de la gauche anglaise, l’a ignoré. Espérons que la gauche française saura tirer les bonnes leçons des erreurs anglaises.


Henry J. Dicks

Derniers commentaires