Changer la gauche

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Des municipales au Congrès, par les membres du Club Changer la gauche



Non, la gauche n'a pas gagné les élections municipales du mois dernier. Du moins, elle ne peut se satisfaire de ces succès dispersés. Evidemment, chaque victoire individuelle doit être applaudie et constitue une chance d'influer sur la vie d'une collectivité. Mais l'absence de essein global doit aujourd'hui nous faire réagir: sans lui, aucun succès ne sera jamais une victoire véritable. Identifier la gauche au gouvernement des collectivités territoriales, c'est prendre le risque de laisser pour longtemps à la droite celui du pays. Il est impératif, pour prolonger l'élan de ces élections municipales, d'imaginer une façon de rendre utiles les quatre années d'opposition qui se profilent. Pour cela, deux pistes doivent être explorées en priorité.

Tout d'abord, il faut aller chercher l'énergie là où elle se trouve : dans les collectivités territoriales. La dynamique créée par ce scrutin pourra se concrétiser si la gauche traduit ses succès dans les territoires en propositions de large envergure. Les expériences innovantes menées localement doivent être un laboratoire pour le projet législatif de 2012, que ce soit en matière de services publics, d'environnement, de développement industriel ou encore de gestion des aides sociales. En six ans, un président de Conseil général a les moyens de changer des choses. Pourquoi ne contribuerait-il pas à changer la gauche?

Pour autant, on ne crée pas un projet en additionnant des innovations locales qu'on aurait brutalement transposées à une large échelle. Toutes ces expériences devront donc être intégrées dans un programme global et cohérent. Ce devrait être l'ambition d'un parti de gouvernement qui prépare l'alternance. Mais reste encore à le construire.

Sans un bouleversement du mode de fonctionnement du Parti socialiste, rien de tout cela ne sera possible. C'est donc lors du prochain congrès du PS qu'il faudra explorer la deuxième piste. Le Premier secrétaire du PS doit cesser d'être un Gentil Organisateur pour devenir un candidat naturel à l'élection présidentielle, au leadership clair et respecté. C'est autour de sa personne que le travail de fond pourra s'organiser.

Au lieu de sélectionner les secrétaires thématiques du PS en fonction des voix que leur courant aura obtenu au congrès, pourquoi le Premier secrétaire ne choisirait-il pas d'emblée les ministres qu'il souhaiterait nommer s'il était élu ? Ecoutés pour leur expertise, les membres de ce shadow cabinet à la britannique pourraient analyser et critiquer les projets de loi dans le détail, préparant avec efficacité le retour de la gauche aux affaires.

Transformons donc la dynamique enclenchée par ces élections municipales en arme nouvelle, afin que la gauche ne perde ni son temps, ni son énergie!


Francesco Avvisati, Mathias Chichportich, Henry J. Dicks, Manon Garcia, Pierre Haroche, Harold Huwart, Damien Ientile, Julien Jeanneney, Emmanuel Martin, Matthieu Niango, Jeanne-Marie Roux

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