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Un Président redevenu candidat, par Mathias Chichportich



Malmené sur les questions économiques et sociales, le Président de la République tente de reprendre la main en concentrant le débat public sur un terrain qu’il estime plus favorable. La méthode est connue : susciter la polémique, se placer aux cotés des victimes puis dénoncer le politiquement correct et la pensée unique. Conscient de la piètre réaction suscitée par la proposition concernant l’enseignement de la Shoah en primaire, le voici de retour sur un sujet de prédilection : la justice et la sécurité.


Les suites données à la décision du Conseil Constitutionnel concernant la rétention de sûreté illustrent pleinement la méthode présidentielle. A propos du principe de non rétroactivité, on voit mal quel montage juridique pourrait permettre à la Cour de Cassation de contourner l’une des pierres angulaires du droit pénal français et européen.  L’objectif doit donc être recherché ailleurs et se situe sans doute dans une stratégie de reconquête de l’opinion. Les français sont plutôt favorables à la politique pénale menée depuis le début du quinquennat. Or le Chef de l’Etat connaît à l’avance le tollé déclenché dans les milieux judiciaires par une telle initiative. Il pourrait donc vraisemblablement tirer avantage des réactions dont il aura  ensuite tout le loisir de dénoncer le caractère élitiste et corporatiste. A la question de savoir si l’autorité du Conseil Constitutionnel n’a pas été, dans cette affaire, considérablement affaiblie, on imagine déjà la réponse : « J’entends venir les critiques de Saint Germain des Près, Monsieur Poivre D’Arvor, mais dois-je me résoudre à laisser des monstres en liberté ? » Il apparaîtrait alors imprudent de vouloir ménager la susceptibilité du « fidèle » Jean Louis Debré…
 
Seulement voilà, Nicolas Sarkozy n’est plus candidat à l’élection présidentielle, il est le Président du Conseil supérieur de la magistrature, le garant du fonctionnement régulier des pouvoirs publics et du respect de la Constitution. Autant dire qu’une telle stratégie sans doute payante électoralement au mois de mai dernier renferme des effets potentiellement désastreux sur notre système institutionnel.
 
Hier syndicaliste dans les usines, aujourd’hui juge constitutionnel, demain premier VRP de la France, Nicolas Sarkozy aurait-il oublié qu’il a été élu Président de la République ?



Mathias Chichportich

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