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Une visite d'Etat au Gabon, par Matthieu Niango



Je reviens d’un voyage en Afrique, un continent dont j’ai eu la chance de traverser seul les vingt pays de la côte ouest pendant ces dix derniers mois.

Un jour, je me promenais à Libreville avec un ami gabonais. Comme dans beaucoup de villes d’Afrique noire, les rues y sont bordées d’échoppes et d’étals de fruits et légumes. Un groupe de vendeuses portaient des t-shirts a l’effigie de Nicolas Sarkozy et d’Omar Bongo, qui dirige le Gabon depuis quarante et un ans. Je m’étonnai d’une telle popularité du président de la République francaise et questionnai donc mon ami.

Le matin du 27 juillet 2007, mon ami, qui est taxi, se rendit comme d’habitude au petit aéroport de Libreville.  Sur le tarmac il vit descendre d’un car du parti democratique gabonais –le parti de Bongo– un groupe de femmes portant les fameux t-shirts et des banderoles du même genre.  Il était six heures du matin.

Les femmes, vigoureusement encadrées par les membres du parti, répétèrent quelques chants et quelques danses, puis attendirent Nicolas Sarkozy. Son Airbus arriva vers deux heures de l'après-midi.  Le chef de l’Etat français apprécia la chaleur de l’accueil. On donna à manger aux femmes, puis elles attendirent toute la journée pour faire entendre au président en visite officielle des chants de départ émouvants.  Il réapparut vers dix heures du soir, elles chantèrent, on leur donna quelques fruits puis on les laissa devant l’aéroport, aucun car n’ayant été prévu pour leur retour.

Mon ami et quelques autres taxis s’organisèrent pour les ramener en ville, mais il n’y avait pas de place pour tout le monde; certaines d’entre elles durent donc rentrer à pied dans la nuit. Dans son taxi, mon ami apprit sans surprise qu’elles n’avaient pas été payées. Elles avaient donc attendu toute la journée et s’étaient remuées sur le tarmac au son de “Vive Sarkozy” pour deux repas et un t-shirt devenu sale de poussière. Les femmes qu’il ramena chez elles ce soir-là avaient appris dans la journée le nom du président francais.



Matthieu Niango

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